19 mai 2009
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Clifford Olson :
La bête de Colombie-Britannique
Clifford Robert Olson lors de sa comparution en 2006, alors qu'il prétendait à une libération sur parole.
Le 18 juillet 2006, Clifford Robert Olson comparaît devant une commission de trois juges après avoir purgé 25 ans de prison, notamment dans l'unité de sécurité maximale (la SHU) au pénitencier de Sainte-Anne des-Plaines, au Québec. Condamné à la prison à vie, cet homme âgé de 66 ans peut maintenant présenter une demande de libération sur parole tous les 2 ans. Les magistrats devant lesquels il se présente prennent leur décision en à peine plus d'une demi-heure : Ils rappellent qu'Olson est un meurtrier sadique, un psychopathe et un maniaque sexuel, et estiment, en accord avec les services correctionnels, que le détenu n'est pas du tout réhabilité et recommencera très certainement à tuer s'il est relâché. L'agente de libération conditionnelle Nancy Baudoin indique qu'Olson "continue de ne manifester ni remords ni empathie pour les victimes". Jacques Letendre, l'un des membres de la commission, annonce que Clifford Olson représente un risque qui n'a pas diminué en 25 ans, et que par conséquent, il restera en prison [Voir le rapport du National Parole Board].
L'homme qui apparaît à la presse, un quart de siècle après ses crimes, n'est pourtant plus que l'ombre de lui-même : échevelé, délirant, il annonce qu'il va quitter le pays et qu'il détient des informations sur les attentats du 11 septembre. Ces allégations fantaisistes ne font pourtant rire personne, surtout pas les familles des victimes. Une femme dont la sœur de 13 ans a été assassinée par Olson déclare à son intention : « Je ne crois pas que vous devriez vivre un seul jour à l'extérieur des murs de la prison ». Il est vrai que si Clifford Olson n'est pas le tueur en série Canadien le plus meurtrier, il est sans doute le plus odieux.
De 1980 à 1981 dans la région de Vancouver en Colombie-Britannique, Olson viola et assassina huit filles et trois garçons âgés de 9 à 18 ans. Nullement effrayé par l'horreur de ses actes qu'il avait, pour certains, enregistré sur une bande audio, il téléphona aux parents d'une de ses victimes pour leur faire entendre les cris et les pleurs de leur enfant alors qu'il le torturait. Il n'accepta de localiser les corps qu'après que les autorités aient versé la somme de 100 000 dollars à sa famille, décision qui fut extrêmement controversée à l'époque. Au cours de sa détention, il envoya aux familles en deuil des lettres dans lesquelles il décrivait par le menu tout ce qu'il avait fait subir à leur enfant, non parce qu'il éprouvait des remords mais parce qu'il se complaisait dans ses souvenirs sadiques. Ses confidences au journaliste Peter Worthington sont pour le moins édifiantes : alors que dans le message qu'il avait envoyé au Pape, il affirmait avoir des regrets et avait reçu une réponse encourageante de la part du nonce apostolique, il déclara : « La religion Catholique est quand même une putain de bonne religion ! On te pardonne à peu près tout… ». Cet humour cynique se double même de quelques bourdes qui pourraient être comiques si on les sortaient de leur contexte. Ainsi, il prétend avoir tué deux femmes qui vivaient dans un "condom" (préservatif) en Floride au lieu d'un "condo" (copropriété). Il dit aussi avoir violé une autre fille alors qu'elle était peu consciencieuse (unconscientious) au lieu d'inconsciente (unconscious) et confond allègrement "sexe annuel" et "sexe annal". Cela a d'ailleurs fort peu d'importance pour lui : il a violé des enfants sans se soucier de leur âge ni de leur sexe. La seule chose importante pour lui était qu'ils soient isolés et à sa merci. Sans être homosexuel, il a fréquenté un homme en prison pour répondre à son seul besoin de sexe. Il s'est inventé des meurtres imaginaires, il a joué avec la police et la justice, tentant de monnayer des indulgences et des avantages. En cela, Clifford Olson est certainement le Mal ou du moins est-il l'une de ses facettes. Il n'a jamais été énurétique, n'a jamais allumé d'incendies ni torturé d'animaux et n'a commencé à tuer, semble-t-il, qu'à partir de l'âge de 40 ans, une vocation tardive quand on sait que l'immense majorité des serial killers commence entre 20 et 30 ans. Pourtant c'est bien un psychopathe qui a tué au moins à onze reprises. Sans doute a-t-il réellement assassiné davantage de monde, mais rien n'a jamais pu être prouvé antérieurement aux années 80. On l'a surnommé "la Bête de la Colombie-Britannique" mais ce n'est pas un prédateur : il tue pour le plaisir et non pour survivre.
Les victimes de Clifford Olson, huit filles et trois garçons rencontrés au hasard des rues, trompés et enlevés avant d'être violés et tués sauvagement :
Christine Weller, Coleen Daignault, Daryn Johnsrude, Sandra Wolfsteiner,
Ada Court, Simon Partington, Judy Kozma, Raymond King Jr.,
Sigrun Arnd, Terri Carson, Louise Chartrand (© Gendarmerie Royale du Canada).
Rien cependant ne semblait prédestiner cet enfant dont la seule particularité était celle d'être né un des premier, le jour de l'an de 1940 à l'Hôpital Saint-Paul de Vancouver. Sa célébrité en tant que "Bébé de l'Année" était alors bien sympathique même s'il n'obtenait pas la première place. Quarante années plus tard, il allait faire la une des médias et décrocher pour un temps une pole position peu enviable dans la hiérarchie criminelle, après avoir galéré dans la sous-pègre de la côte Ouest. Il compensa ce sentiment de frustration et de mésestime de lui-même en accomplissant un parcours meurtrier d'une rare intensité qu'il retranscrit dans un manuscrit jamais publié : "Profil d'un tueur en série : L'histoire de Clifford Robert Olson" où il parle de lui à la troisième personne, comme s'il y avait chez cette homme une autre composante, normale celle-là, presque critique à son égard. A n'en pas douter, Olson est un être complexe sous ses allures de bête féroce ou de vieillard haineux, mais ce qu'il y avait de bon en lui est mort depuis bien longtemps au cours de la petite enfance. Ce gamin-là fut sans doute sa première victime. [Lire le volet I] [Lire le volet II]
[Carte]
Bibliographie :
• Ian Mulgrew, Final Payoff: The True Price of Convicting Clifford Robert Olson. Seal Books. McClelland-Bantam Inc. Toronto, 1990.
• Jon Ferry & Damian Inwood, The Olson Murders. Cameo Books. Langley, B.C. 1982.
• W. Leslie Holmes & Bruce L. Northrop, Where Shadows Linger: The Untold Story of the RCMP’s Olson Murder. Heritage House Publishing Co. Ltd., Surrey: B.C., 2000.
• Derrick Murdoch, Runaways, Ramblers and Rascals. In Disappearances: True Accounts of Canadians Who Have Vanished (pp. 44-53). Doubleday Canada Ltd., Toronto: Ontario, 1983.
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© Christophe Dugave 2008
Published by Christophe Dugave
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Deuxième partie